À la rencontre de… Guillaume Brunel, Docteur en droit privé et lauréat du Prix de Thèse SHS 2022

En quelques mots, qui êtes-vous ?

Bonjour, je suis Guillaume BRUNEL, docteur en droit privé de l’Université de Perpignan Via Domitia et qualifié aux fonctions de Maître de conférences depuis février 2023. Je suis actuellement enseignant-chercheur contractuel de l’UPVD, rattaché à l’antenne de Narbonne.

Quel est votre parcours professionnel/universitaire ?  

Titulaire d’un DEA et d’un DESS juridique, j’ai débuté mon activité professionnelle en tant que juriste d’entreprise où j’ai exercé successivement à la Direction juridique d’Electricité de France, puis celle de responsable juridique auprès d’une compagnie d’assurance. En même temps que cette activité de juriste d’entreprise, je dispensais des enseignements à l’Université.

Cette appétence pour l’enseignement et la transmission du savoir m’ont conduit, tout naturellement, à faire de l’enseignement mon activité principale et non plus accessoire.

Pour quelle raison avez-vous décidé de débuter une thèse ? 

Dans le cadre d’un projet de reconversion professionnelle, afin de devenir Maître de conférences des universités, j’ai choisi de préparer une thèse de doctorat auprès de l’Université de Perpignan Via Domitia, et du Centre de Droit Economique et du Développement Yves SERRA, mon laboratoire de recherche.

Sur quoi portaient vos travaux de recherche ? 

Ma thèse intitulée : « l’assurance de protection juridique : contribution pour l’évolution du modèle assuranciel de l’accès au droit et à la justice » portait sur l’assurance de protection juridique, plus spécifiquement sur ses perspectives d’évolution en vue d’améliorer l’accès au droit et à la justice des citoyens.

L’objectif de ces travaux était de donner une dimension concrète et opérationnelle tout en apportant une réflexion théorique approfondie et inédite.

L’intérêt de la thèse est de proposer une évolution des règles de l’assurance de protection juridique, dans le but de répondre aux attentes des justiciables et à celles des pouvoirs publics en matière d’accès au droit et à la justice.

Si nous devions ne retenir qu’une idée ou deux de votre thèse, ce serait quoi ? 

L’assurance de protection juridique est apparue comme une des possibilités pour favoriser l’accès au droit et financer l’accès à la justice. En effet, c’est parce qu’il existe un risque d’avoir à engager des frais pour faire valoir ou défendre ses droits, que cette assurance peut répondre aux besoins de l’assuré d’être juridiquement et financièrement protégé par l’assureur.

Elle constitue aussi pour les pouvoirs publics un moyen complémentaire pour permettre l’accès au droit et à la justice des citoyens. Conscients des difficultés rencontrées par l’aide juridictionnelle et du problème de son financement, les pouvoirs publics se sont intéressés à l’assurance de protection, en cantonnant cette branche d’assurance à une contribution exclusivement indemnitaire.

Or en ne retenant qu’une participation économique de l’assurance de protection juridique, ces derniers se privent de certaines fonctionnalités du dispositif assuranciel de l’accès au droit et à la justice. En effet, si elle permet une prise en charge intellectuelle et économique du litige en permettant de le régler à l’amiable ou par la voie judiciaire ; l’assurance de protection juridique contribue à prévenir le litige en délivrant, à titre préventif, des renseignements juridiques à l’assuré. Aujourd’hui, il est nécessaire de faire évoluer l’assurance de protection juridique en vue d’améliorer l’accès au droit et à la justice.

Qu’apporte votre thèse à la société ? 

En raison des problématiques sociales et économiques débattues depuis de nombreuses années : l’insuffisance des moyens de la justice, le besoin de déjudiciariser certaines catégories de contentieux, l’appétence pour les modes de règlements amiables des conflits, la recherche de voies d’apaisement de la société, mes travaux de thèse enrichissent de façon considérable les réflexions en cours, en apportant de véritables solutions respectant les équilibres entre magistrats, avocats, entreprises d’assurance de protection juridique, associations de consommateurs et justiciables.

C’est pourquoi, je propose une évolution du dispositif assuranciel de l’accès au droit et à la justice grâce à mes travaux.

Dans cette perspective, mes travaux de recherche et leurs propositions doivent contribuer à la réflexion des pouvoirs publics, en vue de l’évolution de l’assurance de protection juridique, et en particulier à celle du Parlement pour améliorer le dispositif actuel et ce, à un moment où l’enjeu de l’accès au droit et à la justice est encore plus important, dans une société en proie à des crises multiples.

Quels sont vos projets pour la suite de votre carrière ? 

Actuellement enseignant-chercheur contractuel, je souhaite évoluer vers un poste de Maître de conférences afin de poursuivre et développer mes activités d’enseignement et de recherche.

Ma volonté étant de m’investir aussi dans la vie de mon Université actuelle, en développant ma participation, par des missions et responsabilités, au niveau des formations universitaires.

Que vous a apporté la thèse pour vos futures activités ? 

Au-delà de la rigueur, de l’autonomie dans le travail, la thèse a confirmé : la capacité de contribuer à l’aboutissement d’un projet de recherche sur plusieurs années, depuis le choix du sujet, en passant par sa préparation, la conduite de la recherche, pour terminer par la présentation des résultats en vue de l’établissement de propositions d’évolution législatives.

Professionnellement parlant, où vous voyez-vous dans 10 ans ? 

Je souhaiterai être, tout simplement, Professeur d’Université.

Quels conseils pourriez-vous donner aux étudiants qui souhaiteraient faire un doctorat ? 

 Trois points me semblent essentiels :

  • Se nourrir de l’expérience des Professeurs et Maître de conférences et du vécu d’anciens doctorants afin de comprendre ce qu’est une thèse et quels sont les attentes.
  • Lorsque le doctorant est vraiment déterminé à préparer une thèse dans le cadre de la réalisation du doctorat, il est nécessaire qu’il détermine quel est son objectif professionnel car selon l’objectif visé, la préparation de la thèse ne sera pas la même.
  • Et enfin, il faut être suffisamment passionné ou tout au moins motivé par son thème de recherche pour mettre en sommeil certains plaisirs de la vie, et se consacrer sur plusieurs années exclusivement à son seul projet de recherche.