À la rencontre de… Valentin Duvauchelle, Docteur en Chimie médicinale et lauréat du Prix de Thèse S&T 2022

En quelques mots, qui êtes-vous ?

Je m’appelle Valentin Duvauchelle, je suis docteur en chimie médicinale. Je suis, à l’heure actuelle, en poste à l’Université d’Umeå en Suède pour un contrat post-doctoral de deux années qui fait suite à mon contrat de thèse, réalisé à l’Université de Nîmes. Mon travail consiste principalement à synthétiser de nouvelles molécules organiques avec des propriétés biologiques intéressantes. C’est en quelque sorte le point de départ dans la découverte de médicaments ou d’outils moléculaires à visée médicale.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours universitaire avant la thèse ?

J’ai toujours été curieux et globalement intéressé par toutes les matières au cours de ma scolarité que ce soit l’histoire, le français ou les sciences en général. Je me suis dirigé vers un bac scientifique. À l’obtention de ce diplôme, comme j’aimais autant la biologie que la chimie, j’ai choisi de m’orienter vers la faculté de médecine, à Montpellier. Toutefois après un semestre j’ai poursuivi avec une licence de chimie suivie d’un master en chimie des biomolécules à l’Université de Montpellier qui me convenaient davantage. Par la suite, j’ai débuté une thèse en chimie médicinale à l’Université de Nîmes, me permettant de faire la jonction entre les deux matières qui me plaisaient le plus.

Pour quelles raisons avez-vous décidé de débuter une thèse ?

J’aimais beaucoup l’idée de mener un projet depuis le point de départ vers le point le plus proche de sa finalité en devenant un spécialiste de sa discipline. Le fait d’avoir une liberté quant à la manière de mener ses expériences, sa recherche quotidienne c’est aussi pour moi une excellente manière d’en apprendre davantage sur le projet, sur soi-même et sur sa manière de fonctionner. Enfin, l’idée de savoir que peut-être, par le fait de confirmer des théories, elles pourraient être enseignées à la faculté, c’est quelque chose de très excitant pour moi.

Sur quoi portait votre thèse ?

Mes travaux de recherche portaient sur l’antibiorésistance, à savoir la résistance des bactéries à des antibiotiques. Notre objectif était double, d’une part on avait pour souhait de proposer de nouvelles molécules ayant la capacité de tuer les bactéries qui étaient déjà résistantes aux antibiotiques et le second versant, plus central à mes travaux de thèse, était de synthétiser des composés dépourvus d’activités antibactériennes mais qui auraient la capacité de restaurer la sensibilité aux antibiotiques sur des souches bactériennes devenues résistantes : ce que l’on appelle les adjuvants d’antibiotiques.

Si nous devions ne retenir qu’une idée ou deux votre thèse, quelles seraient-elles ?

L’idée à retenir, assez logiquement, je dirais que c’est le fait que la résistance aux antibiotiques est un sujet qui est très important, qu’il convient de ne pas ignorer, et sur lequel il faut se pencher en permanence car la recherche prend beaucoup de temps. Il faut lutter contre l’antibiorésistance notamment en passant par l’information. Tout le monde peut lutter à sa manière pour retarder la propagation de ce phénomène et ainsi donner suffisamment de temps aux chercheurs pour trouver des solutions.

Le système d’adjuvant d’antibiotiques est pour moi très très prometteur car il permettrait d’utiliser des antibiotiques qui sont à l’heure actuelle très peu utilisés, puisqu’au fur et à mesure que les années passent, la résistance devient présente sur toutes les souches.

Qu’apporte votre thèse à la société ?

Je pense qu’un point qui est intéressant c’est le fait que j’ai collaboré avec des chercheurs en psychologique sociale, ce qui a permis de mettre en valeur les lacunes en matière de bonnes conduites et aussi de connaissances quant à l’utilisation des antibiotiques, notamment auprès de la population étudiante, en licence Science de la Vie de l’Université de Nîmes.

Nos recherches ont permis de montrer que les adjuvants d’antibiotiques avaient leur part d’intérêt dans l’antibiorésistance, ce qui a, en quelque sorte, ouvert la voie aux molécules ayant des propriétés pour lutter contre la résistance bactérienne en général.

Pour la suite de votre carrière, quels sont vos projets ?

J’ai toujours été attiré par l’enseignement donc c’est vrai que j’aimerais beaucoup avoir le privilège d’être un jour enseignant-chercheur dans une université en France mais étant donné la difficulté d’avoir un de ces postes-là, j’envisage la possibilité de rejoindre le monde industriel et pourquoi pas monter ma propre entreprise un jour si l’opportunité se présente.

Comment va pouvoir vous aider le prix de thèse pour construire vos projets professionnels ?

D’un point de vue personnel, tout d’abord, c’est un très grand honneur de l’avoir reçu parce que ça permet de clore d’une très très belle manière ce chapitre de mes travaux de thèse. C’est un prix qui va me suivre tout au long de ma carrière et qui sera considéré dans la suite de ma carrière.

Quant à la compensation financière, cela m’offre un peu plus de liberté si je souhaite faire un autre contrat post-doctoral à l’étranger, par exemple ça permet de faire des économies et de pouvoir résider dans le pays ou d’avancer l’argent pour un appartement notamment.

Professionnellement parlant, où vous voyez-vous dans 10 ans ?

Le cas idéal serait d’avoir un poste permanent dans une université en France et si je ne l’ai pas, j’espère quand même avoir un poste qui m’offre suffisamment de stabilité pour pouvoir m’installer dans une région qui me convient et surtout continuer à avoir la chance de faire un métier qui me plaît au quotidien et faire de la recherche en chimie.

Quel(s) conseil(s) pourriez-vous donner aux étudiants qui hésitent à se lancer dans un doctorat ?

Je vais donner des conseils plutôt humains, car les conseils sur la quantité de travail les étudiants en sont conscients. Je pense qu’il faut se fixer ses propres limites et ne pas s’oublier au cours de son doctorat. Si on choisit de réaliser une thèse, c’est parce qu’on pense que l’accomplissement personnel passe aussi par le biais du travail, mais il faut éviter autant que possible de négliger son entourage et ses proches. Il y a une très belle phrase de Marcel Proust qui décrit bien les travaux de thèses c’est « Il n’y a pas de réussite facile et d’échecs définitifs » et c’est quelque chose qu’il convient de se souvenir dans les moments les plus difficiles de la thèse.