À la rencontre de… Zahrmina Ratibou, doctorante en chimie analytique à l’Université de Perpignan Via Domitia
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots et nous expliquer votre parcours avant le doctorat ?
Je m’appelle Zahrmina Ratibou, je suis actuellement en deuxième année de thèse, inscrite à l’Université de Perpignan Via Domitia. J’ai fait toute ma scolarité à Mayotte où j’ai obtenu un baccalauréat scientifique. J’ai commencé mes études supérieures par une année de prépa à l’École de Chimie de Rennes que je n’ai pas validée. Je me suis réorientée vers un DUT de Chimie, à l’IUT de Rennes, que j’ai validé en 2018. Après ça, j’ai continué mon parcours universitaire en Licence 3 à l’Université de Montpellier avant de finir par un master de Chimie, toujours à l’Université de Montpellier, spécialisé dans la stratégie de découverte de molécules bioactives, au cours duquel j’ai réalisé un stage à l’Institut Moléculaire de l’Université de Reims Champagne-Ardenne.
Qu’est-ce qui vous a amené à faire une thèse ?
J’ai un parcours un peu atypique puisque l’on peut dire que l’opportunité de réaliser une thèse m’est tombée dessus. Ce n’était pas vraiment dans mes projets. À la fin de mes études, je suis rentrée à Mayotte et j’ai postulé à des emplois qui correspondaient à mon parcours et à mes compétences. Il y avait peu d’offres à pourvoir mais il y en a une qui me parlait beaucoup : le nouveau laboratoire d’études phyto-chimiques de plantes, récemment ouvert au sein du Pôle d’Excellence Rurale de Mayotte, recherchait un ingénieur en chimie analytique. Comme ce laboratoire travaille en relation avec le CRIOBE, un laboratoire de recherche de l’Université de Perpignan, c’est à la directrice du CRIOBE que j’ai adressé ma candidature. J’ai été recontacté, quelque temps après, par le CRIOBE pour me proposer, non pas le poste auquel j’avais postulé initialement, mais à la place un contrat de thèse.
Au début, j’étais hésitante car je ne pensais pas du tout faire une thèse, je ne pensais pas non plus avoir les qualifications mais ils m’ont rassurée en me disant que mon profil correspondait à ce qu’il recherchait. Le financement de la thèse provient du département de Mayotte, et dans le projet global de la thèse, il y a l’objectif de promouvoir la recherche notamment auprès des femmes mahoraises. Ils cherchaient donc vraiment des profils comme le mien, et après un temps de réflexion, j’ai finalement accepté.
En termes simples, pouvez-vous nous expliquer sur quoi portent vos recherches ?
Disons rapidement, que ça consiste à la caractérisation et l’analyse de venins de cônes de mer. Les cônes de mer ce sont des sortes d’escargots marins que l’on retrouve un peu partout dans les océans et mers tempérés. La particularité de cet escargot de mer, c’est qu’il produit un venin, qu’il utilise pour chasser, qui a des propriétés paralytiques et qui peut être toxique et mortel pour les êtres humains. Dans le cadre de ma thèse, j’analyse ce venin pour le caractériser dans le but de trouver des biomolécules qui pourraient être utilisées pour des applications thérapeutiques, par exemple.
Qu’est-ce que vous aimez dans votre domaine de recherche ?
J’ai toujours aimé les sciences en général, pas uniquement la chimie, aussi la biochimie. Cela vient surement de cette fascination que j’ai pour le monde qui m’entoure. Ça a commencé assez tôt, j’ai toujours voulu en savoir plus, essayer de comprendre ce que l’on ne voit pas.
De base, je voulais m’orienter dans des études médicales, la pharmacie m’intéressait et je me suis dit que la chimie pouvait être un moyen de m’en rapprocher. Je garde l’idée d’un jour travailler dans ce domaine dans un coin de ma tête.
Pouvez-vous nous expliquer comment se déroule une « journée type » de recherche scientifique ?
Je n’ai pas vraiment de journée type. Ça dépend vraiment des périodes et des projets en cours. En ce moment, je suis en pleine rédaction d’article. J’arrive le matin et je relis la bibliographie, je rédige, lorsque je suis inspirée. Je fais beaucoup de traitement des données que j’ai récoltées et je les organise, je les classe. Globalement en ce moment c’est plutôt ça.
Comment vous vous organisez sur le long terme pour la rédaction de votre thèse ?
Concernant la rédaction du manuscrit, je n’ai pas encore commencé mais je sais que tout ce que je fais va m’aider dans la rédaction et le plan. En ce qui concerne l’organisation de la thèse en général, dès le début on a défini plusieurs points et plusieurs objectifs de thèse, ça m’aide, pour moi qui ne suis pas très organisée. Pour l’instant je planifie petite période par petite période. J’ai conscience qu’en début de 3ème année, je devrais vraiment commencer la rédaction.
Comment vous envisagez l’après-thèse ?
L’idéal pour moi ce serait de retourner à Mayotte. Avant de débuter ma thèse, j’avais l’impression de ne pas avoir beaucoup de perspectives mais maintenant que j’ai débuté ma thèse, j’ai davantage l’esprit ouvert. Cette période de recherche me permet de me dire que je ne vais pas viser un métier fixe qui existe mais plutôt essayer de saisir des opportunités. Je souhaiterais donc rentrer à Mayotte pour essayer de participer à un projet qui pourrait être bénéfique pour l’île mais je ne sais pas encore quoi. Je souhaiterais vraiment continuer dans la recherche.
Quels conseils pourriez-vous donner à un étudiant qui souhaiterait se lancer dans un doctorat mais serait encore hésitant ?
Pour les personnes qui pourraient se trouver dans la situation dans laquelle j’étais c’est-à-dire qui n’ont pas un métier précis en tête, la recherche donne du temps et des points de réflexion pour réfléchir à des projets qui nous correspondent plus. C’est vraiment une bonne expérience, certes ce n’est pas facile mais il n’y a rien de facile quand on y pense bien.
C’est une période où l’on apprend à apprendre et où l’on s’ouvre l’esprit à beaucoup de choses, où l’on se découvre soi-même. Même si ça ne fait pas partie des options envisagées, il ne faut pas se fermer les portes car ça a l’air long mais ça en vaut la peine. C’est une très belle opportunité.